dimanche 14 juin 2015

je peux enfin ...

... soupirer d'aise, m'étirer de tous mes membres engourdis par de longues heures où je fus littéralement vissée à une chaise, mes yeux exorbités, mon équilibre mental mis à dure épreuve par les interminables opérations de délibés des quelques 180 élèves pour qui il a fallu décider le sort scolaire après avoir tenté, pour ma part, de leur enseigner les rudiments de la fine langue française. Et encore une fois, je me rends compte que la difficulté réside moins dans le fait d'évaluer nos étudiants que de mettre en accord le mètre évaluatif des 12 ou 13 professeurs qui composent le Conseil.
Ça épuise.

Mais! Pour tout effort ou sacrifice pratiqué, il est bon de se trouver une récompense adéquate.
Mes élèves inscrits dans une filière professionnelle de graphisme, sont pour la moitié des redoubleurs récidivistes coriaces et quelques-uns de potentiels décrocheurs souvent recasés dans des classes bigarrées en surnombre. Inutile d'expliquer leur propension quasi inexistante et leur désintérêt total et naturel envers une langue étrangère telle que le français!  Ainsi, en début d'année, j'ai fait des choix didactiques et relationnels.  Il s'agissait de trouver un canal d'échange entre eux et moi, pour ne pas tomber dans le "n'importe quoi".
Je n'en suis pas à ma première expérience hors des lycées ou instituts de première catégorie ( oui, il existe des catégories, hélas) hyper rassurants où des élèves disciplinés, appliqués, studieux, culturellement et socialement  enveloppés par des familles attentionnées gratifient notre travail plus aisément.
Dans les instituts "difficiles" comme celui où je donne cours,  le professionnalisme, la préparation dans sa propre matière sont des atouts incontournables pour nous les profs, certes. Toutefois, la cohérence, la droiture, l'intégrité sont, selon mon obervation, les attributs les plus appréciés ainsi  que le réel intérêt que nous leur portons, au-delà de la matière enseignée. C'est ce qu'elle reconnaît consciemment ou pas comme essentiel, toute cette jeunesse instable, éteinte, désaxée, souvent paumée, remuante et parfois caractérielle. Mes élèves.
Je termine cette année scolaire avec la conviction d'avoir commis des erreurs, de m'être royalement plantée à certaines occasions, mais au-delà des hauts et des bas, j'ai totalement apprécié tout ce qui en a fait partie.
J'en sors comblée par la reconnaissance de mes élèves, la certitude d'avoir su instaurer la confiance, premier pas vers l'éducation.

A' tous mes baby gangs que j'affectionne, je souhaite de poilantes et sereines vacances!







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