mardi 21 juin 2016
hommage : relire Benoît Groult
Il y a 20 ans, Benoîte Groult m'ouvrait des voies morales inexplorées en me confiant la clé de lecture de la condition féminine dans notre culture. L'effet : flabbergasted comme dirait si bien l'Anglo-saxon. On m'avait enseigné à l'école les oeuvres de Simone de Beauvoir, certes, mais c'est elle qui m'apprivoisait et ce, à travers la lecture de "Ainsi soit-elle". Tirée de cet essai, cette phrase a son poids de réalité tangible et ne pas y faire cas relève d'une déficience visuelle et mentale inquiétante.
La voici :
"A toutes celles qui vivent dans l'illusion que l'égalité est acquise et que l'Histoire ne revient pas en arrière, je voudrais dire que rien n'est plus précaire que les droits des femmes. A celles qui ne regardent ni derrière elles ni autour, je voudrais rappeler que les Allemandes de l'Est par exemple ont perdu, à la chute du mur de Berlin, des droits qu'elles croyaient acquis pour toujours. Que les Algériennes, les Iraniennes, les Afghanes et tant d'autres, qui avaient goûté aux premiers fruits de la liberté, ont disparu, du jour au lendemain, sous un voile de silence. Aux Française je rappelle que l'on déplore encore 220 000 avortements en 1999. A celles enfin qui font confiance aux hommes au pouvoir pour que les choses s'arrangent peu à peu, je voudrais citer une phrase de Virginia Woolf : "L'histoire de la résistance des hommes à l'émancipation des femmes." Si elles ne défendent pas elles-mêmes les droits conquis par leurs mères, personne ne le fera pour elles. La condition des femmes ne va pas en s'améliorant dans le monde, contrairement à ce qu'il est reposant de croire. Les hommes sont des analphabètes du féminisme, on le sait. Mais les femmes le sont à peine moins. C'est pourquoi il n'est jamais trop tard pour lire un livre féministe. Ni trop tôt. Ils n'ont hélas pas pris une ride depuis 25 ans."
Elle est morte hier, à l'âge de 96 ans. Lui rendre hommage signifie relire ses oeuvres et je voudrais commencer aujourd'hui.
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