C'est à Malo que vient de se dérouler un week-end méééémorable en famille où les cousins de Belgique ont retrouvé les cousins d'Italie! Certains ne se voyaient plus depuis des siècles! D'autres s'étaient revus au dernier enterrement... eh bien oui, car l'enterrement, mis à part son côté navrant et chagriné est aussi une opportunité de rencontres pour les familles lointaines!
Un moment de réunion digne des annales donc! Farci de retrouvailles heureuses entre cousins et cousines, de récits, d'images, d'impressions, d'éclats de souvenirs enfouis dans les plis du passé des Anciens. Ma soeur est venue expressément de Belgique pour que nous y allions ensemble et en profiter pour passer deux jours avec notre père.
Dans l'année de ses 80 ans, récalcitrant au début ( "oh non, décidément, ce n'est plus de mon âge, je n'ai plus envie de m'en aller, et puis qui va s'occuper de la maison quand je suis parti?" nous dit-il), il a finalement accepté de faire un petit voyage avec son inséparable cousin Mario pour aller "dire bonjour", revoir et revivre son village natal, Malo justement. ( Et ce, grâce à la ténacité et la bienveillance extrême de notre Gabri adorée!)
A' Malo, ils y sont nés, ils y ont vécu leur enfance et un jour, après la guerre, encore tous gamins, ils ont suivi leur famille qui répondait à l'appel de main d'oeuvre de la Belgique, la vie en Italie étant insupportablement pénible. Ils intégrèrent ainsi la grande vague migratoire des Italiens vers l'Europe du Nord.
La dureté de l'existence en Vénétie obligea mes grands-parents paternels à se séparer de leur fils aîné, mon père. Il avait 12 ans et devint par adoption le 11ème des enfants Meda, ses cousins, tous en partance pour le Plat Pays.
Contraint par nécéssité donc, il abandonnait son père, sa mère, ses copains, son école, son pays, sa terre, sa langue.
Parfois, il nous raconte les premiers moments durs en Belgique mais quand on l'écoute, on comprend que sa tristesse d'alors était souvent atténuée par la camaraderie joyeuse et festive qui existait entre cousins! Et c'est probablement ce même esprit de camaraderie fraternelle qui les a soutenus, consolés, encouragés à cette époque de leur vie, soudés et liés à ce point aussi.
Certains comme mon père, sont restés en Belgique où ils ont construit leur vie et leur famille, d'autres sont rentrés au pays des années plus tard, dès qu'ils en ont eu la possibilité.
Et depuis, c'est toujours un réveillon sacré pour eux de se retrouver, une véritable réjouissance! Un banquet !
Cette atmostphère était celle de ce week-end passé. On a eu énormément de plaisir à les voir se retrouver et à le partager avec eux ! Il y avait au moins trois générations présentes! On a tellement ri à l'évocation des souvenirs, on a tellement bien mangé et bu du si bon vin! Une joie infinie!
Mais j'ai remarqué une chose dans le temps, c'est que mon père, un homme au caractère dur, renfermé, solitaire, bourru, tranchant, intransigeant, peu enclin aux bons sentiments, mon père devient jovial, affectueux, bon vivant, ouvert, rieur, festif, bon et heureux quand il est dans son village, empressé de nous montrer l'endroit où il jouait au ballon, où il allait à l'école primaire, où sa mère l'a mis au monde. Heureux et enthousiaste peut-être parce que c'est là qu'il a laissé son insouciance de môme, son monde de bonheur. Prématurément.
Et je me rends compte, je réalise que sa jeune vie, celle où on reçoit ses marques, a été une succession de séparation, de diffcultés, de tribulations, de privations, de coupures à cicatriser.
Et je remarque que je le comprends mieux maintenant que le temps passe, je l'accepte plus facilement dans toutes ses inaptitudes et ses manquements de père car au final, je réalise qu'il a fait ce qu'il a pu.
Libera nos a malo, donc! Et Vivement les prochaines retrouvailles!!
Libera nos a malo * un jeu de mots que l'écrivain LUIGI MENEGHELLO créa pour donner un titre à son ESSAI AUTOBIOGRAPHIQUE qui raconte l'histoire de Malo, son village natal, des années 30 aux années 60.
Libera nos a malo, trad. du latin : délivre-nous du mal
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